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Les émeutes suite à la mort de Nahel : un appel à renforcer la cohésion sociale

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« Nous sommes tous interpellés pour prendre des initiatives, même petites, pour aider à réorienter des vies. Mais soyons honnêtes, cela n’ira pas sans un travail conséquent sur nous-mêmes. Tout comme les grandes portes tournent sur de petits gonds, les changements auxquels aspire notre société s’enracinent dans une multitude d'initiatives bien souvent à la portée de tous. »

Les récentes émeutes en France, consécutives à la mort tragique d’un jeune homme, Nahel, tué par un policier, ont mis en lumière la fragilité de la cohésion sociale dans notre pays. Durant quatre jours, du 27 au 30 juin, des actes de violence dévastateurs, principalement perpétrés par des jeunes âgés de 14 à 18 ans, ont éclaté à travers le pays.

Lors de notre 5ème rencontre d’Ateliers Dialogue, l'impact de ces événements était palpable. Ateliers Dialogue est un programme d'échanges interculturels lancé en janvier 2023, qui permet de travailler sur les tensions entre personnes de différentes communautés culturelles, en lien avec les soubresauts de l’actualité. Ce vendredi 30 juin, certains participants avaient été directement touchés par les violences dans leur quartier, tandis que d'autres ont préféré ne pas venir, craignant de ne pas maîtriser leurs émotions. Qui n’était atteint par le climat délétère du moment ?

Bocar, familier des Ateliers Dialogue, considère les émeutes comme une explosion de plus dans une série, passée et à venir, « si ce problème systémique n’est pas pris à bras-le-corps ». Il souligne que malgré des investissements de plusieurs milliards d'euros dans les quartiers, la spirale de la ghettoïsation et les maux associés n'ont pas été contenus.

« Les enjeux sont grands, mais est-ce qu'on veut vraiment que cela cesse, demande-t-il, est-on prêt à payer le prix pour que cela n’arrive plus ? Je suis inquiet. Il y a tant de non-dits. Moi-même j’ai dû appendre à ne pas avoir une idée définitive de ce que j’étais du fait de l’endroit où j’avais grandi. Et cela m’a positionné ensuite pour bouger, m’ouvrir, aller en territoire inconnu, faire des études et démarrer une vie professionnelle. Mais tant se sentent délaissés, perdus, marginalisés. Ils n’ont plus rien à perdre. »

Selon lui, il est impératif de mettre en place des initiatives visant à créer des « couloirs de circulation » permettant aux jeunes de sortir de leurs cités, tout en favorisant les échanges entre différentes communautés.

Un exemple parlant est celui d’un groupe de jeunes qui, dans le cadre du programme Oui Act, a pu partir trois jours en province, sortant ainsi de son cadre habituel. Ceux-ci ont pu s'exprimer sur des sujets qui leur tenaient à cœur sans craindre d'être jugés. Mohamed, animateur de cette activité, raconte : « On a souvent rappelé qu’il y avait d’autres moyens de manifester sa colère qu’en cassant tout. C’est pour cela que des structures où les jeunes peuvent s’exprimer sont si importantes, s’exprimer librement mais aussi apprendre à écouter les autres, les respecter même si on n'est pas d’accord avec eux. »

Tout comme les grandes portes tournent sur de petits gonds, les changements auxquels aspire notre société s’enracinent dans une multitude d’initiatives bien souvent à la portée de tous. Pour rétablir une cohésion sociale durable, il est primordial d'engager des actions témoignant d’ouverture d’esprit, d’empathie et de solidarité, clés pour bâtir un avenir plus serein pour tous.