Dans le cadre du Caux Democracy Forum 2025, juillet 2025, Initiatives et Changement France a organisé trois tables rondes sur les conflits au Moyen-Orient, explorés à travers des perspectives académiques, religieuses et citoyennes françaises. L’objectif de ces tables proposé par Pierre Stussi et son équipe : favoriser la compréhension mutuelle et le dialogue éthique dans un espace sûr et inclusif, fidèle à la mission d'Initiatives et Changement : créer des ponts par l’introspection et la confiance.
Session 1 : Restaurer la compréhension et la reconnaissance mutuelles comme condition préalable à la confiance
Modérée par Brahim Hammouche, cette session a rassemblé des voix fortes, ancrées dans la conviction qu’une véritable guérison commence par la reconnaissance des émotions, peurs et préjugés de toutes les parties. Pierre Haski a évoqué un tournant historique marqué par l’affaiblissement du droit international. Une activiste libanaise a partagé son passage de la rage à la compassion, appelant les éducateurs à devenir bâtisseurs de paix. Janine Elkouby a témoigné de la peur ressentie par les juifs de France après le 7 octobre. Yoav Levy a dénoncé l’effondrement moral en Israël et l’effacement du mot “paix”. Radjaa Aboudagga a exprimé la douleur de Gaza, affirmant que la souffrance d’un enfant transcende la politique. Le public a appelé à un soutien accru aux initiatives démocratiques de terrain et rappelé la coexistence passée entre juifs et musulmans arabes. Un échange fort a mis en lumière les tensions liées aux récits concurrents, face auxquels Janine Elkouby a répondu avec fermeté et humanité.
Intervenants :
• Radjaa ABOUDAGGA (France), Conseiller géostratégique
• Janine ELKOUBY (France), Professeure de littérature classique, ex-vice-présidente du Consistoire juif du Bas-Rhin
• Pierre HASKI (France), Journaliste, président Reporters sans frontières (discours préenregistré)
• Yoav LEVY (France), Enseignant en études bibliques
• Modérateur : Brahim HAMMOUCHE (France), Chef du service psychiatrie, CH Metz-Thionville, ex-député de la Moselle
Session 2 : Religions – Facteurs de conflits ou sources de paix ?
Modérée par Brahim Hammouche, cette session a exploré le rôle ambivalent des religions dans une région marquée par les symboles abrahamiques. Claire Reggio a évoqué la difficulté d’analyser la géopolitique sans considérer le poids religieux. Hervé Élie Bokobza a plaidé pour une lecture pacifiste des textes sacrés. Antoine Arjakovsky a appelé à une pensée spirituelle plus inclusive. Ghaleb Bencheikh a rejeté toute sacralisation de la guerre, soulignant que la solidarité doit s’enraciner dans le droit et la dignité. Les échanges ont réaffirmé que la religion peut devenir pont, si elle est relue à travers une éthique humaine partagée.
Intervenants :
• Hervé Élie BOKOBZA (France), Théologien et auteur
• Ghaleb BENCHEIKH (France), Islamologue, Président de la Fondation de l’Islam de France
• Claire REGGIO (France), Enseignante-formatrice, Université Aix-Marseille
• Antoine ARJAKOVSKY (France), Directeur de recherche, Collège des Bernardins
• Modérateur : Brahim HAMMOUCHE (France)
Session 3 : Sensibilisation internationale aux conflits du Moyen-Orient
Sous la modération de Brahim Hammouche, cette session a interrogé le rôle de l’Europe et de la société civile dans la construction d’une conscience partagée autour des conflits du Moyen-Orient. Bertrand Badie a remis en question la logique de puissance. Peter Shambrook a appelé le Royaume-Uni à reconnaître publiquement ses responsabilités historiques. Elio Azar a décrit des efforts communs israélo-palestiniens pour une solution politique durable. Balqeez Aldeek a mis en avant le rôle des jeunes sous occupation comme porteurs de vérité. Alain Michel a proposé des actions concrètes de solidarité. Rafaël Tyszblat a insisté sur l’importance de créer des espaces de dialogue au-delà des identités figées. Le public a souligné que le conflit est enraciné dans l’occupation et que la reconnaissance des torts historiques est un préalable à toute paix durable.
Intervenants :
• Rafaël TYSZBLAT (France), Médiateur et formateur en dialogue interconvictionnel et interidentitaire
• Bertrand BADIE (France), Politologue Sciences Po Paris (discours préenregistré)
• Alain MICHEL (France), Président d’ÉquiLibre, Fondateur d’Hommes de Parole
• Peter SHAMBROOK (Royaume-Uni), Historien, Consultant au Britain Palestine Project
• Elio AZAR (Liban), Coordinateur, Principles for Peace
• Balqeez ALDEEK (Palestine), Militante pour la paix et la jeunesse
• Modérateur : Brahim HAMMOUCHE (France)
Présentation finale du Groupe de Cause Commune
Rafaël Tyszblat a conclu les trois sessions en soulignant la complexité émotionnelle des débats. Il a insisté sur la nécessité d’un dialogue respectueux et autocritique, ancré dans la reconnaissance mutuelle, même dans un climat polarisé. Il a rappelé que le dialogue n’est pas neutre : il doit confronter les rapports de pouvoir tout en construisant la confiance. Le dialogue reste un outil précieux, non pas pour gommer les injustices, mais pour les affronter sans renier la dignité humaine. Dans un monde divisé, il a appelé à élargir les cercles d’alliés, à écouter même ce qui dérange, et à commencer par renforcer le dialogue au sein de chaque communauté.
Par Ignacio Packer,
Directeur exécutif – Caux Initiatives of Change